Ecrive
Voilà plusieurs jours que Joëlle et moi nous cherchons quel ballet nous allons monter pour conclure notre spectacle de fin d’année 1995. L’an dernier, nous avons « fait un tabac » avec « La Belle et la Bête », ce qui rend la démarche encore plus ardue… Que faire ?
Et ce matin, au réveil, Joëlle m’annonce qu’elle a trouvé. Dans sa nuit d’insomnie, elle a tout imaginé : la musique, l’éclairage, les costumes, la chorégraphie, tout est devenu clair dans sa tête. Elle veut régler le 5ème mouvement de la 9ème Symphonie de Beethoven, celui que l’on appelle « l’Hymne à la Joie ».
- L’Hymne à la Joie », tu crois ? mais c’est musicalement très difficile pour des élèves !
- Non non, oui… mais je le vois…
Et toute la matinée, dans la maison, retentissent les accords de la musique de Beethoven.
Ce que Joëlle a rêvé est très beau :
Le morceau dure 17mn 56, et pendant ces 17mn 56, notre meilleur élève garçon de l’époque, reste en scène jusqu’à la fin après avoir commencé par un solo assez dur physiquement et techniquement. Il y a même des pas qu’il n’a pas encore dompté en cours tel que double tour en l’air fini plié en seconde… Au début, il a tendance à se décourager. Il lui arrive même de perdre son calme, mais avec beaucoup de travail et de persévérance, il réussit à tout maîtriser…
Après ce solo, trois filles entrent, une par une… jusqu’à l’Invitation, l’invitation à danser, à s’unir, et déboule sur scène la quasi majorité de l’Académie, puisqu’il y a là tous les élèves de la classe professionnelle et tous les élèves des classes loisirs au-dessus de l’âge de 12 ans.
Et tous se mettent à danser, à sauter, à tourner, à courir… jusqu’à la partie lente où s’entrelacent plusieurs figures, pour aboutir à un superbe pas de deux pendant que tous font des ports de bras en changeant de pose à chaque temps, mais en canon.
Extrêmement difficile…
Mais tous les élèves, futurs professionnels et loisirs, sont unis par le désir de réaliser ce ballet du mieux qu’ils le peuvent. Tous mettent tout leur cœur à apprendre car ils ont le sentiment qu’ils participent à quelque chose de grand, et ils sont tous emportés par un même élan grâce à la musique et à la chorégraphie.
Le final est particulièrement réussi, c’est une explosion de joie, Joëlle a réglé des ports de bras rapides et secs, extraordinaire !!!! Puis tous s’éparpillent sur le plateau en sautant pour terminer dans une pose savamment orchestrée d’où jaillit une jeune fille, montée à bout de bras au-dessus de tous par notre « homme ».
Dans la salle, c’est une standing ovation…. Dans toutes les salles où nous avons donné ce ballet, c’est une standing ovation. Nous l’avons présenté plus d’une vingtaine de fois en deux ans, et dans de nombreuses villes différentes, et toujours avec une standing ovation.
Il faut dire que ce ballet est digne des plus grandes compagnies, et je peux d’autant plus le dire que ce ballet est entièrement de Joëlle, je n’y suis pour rien. Il est tout simplement grandiose, et je pense que tous ceux qui l’ont vu et que tous ceux qui l’ont dansé sont unanimes à le déclarer.
Parfois je rêve : Vladimir Malakhov dans le rôle principal, quelle merveille !!!!!!
